Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/217

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Ï47-I48- Quatrièmes Réponses. ici

le confeffe donc ingenuëment auec luy que les chofes qui font contenues dans la première ÎYleditation,& mefme dans les fuiuantes, ne font pas propres à toutes fortes d'efprits, & qu'elles ne s'ajuftent pas à la capacité de tout le monde ; mais ce n'elt pas d'aujourd'huy que i'ay fait cette déclaration : ie l'ay des-ja faite, & la feray encore autant de fois que | l'occalion s'en prefentera. 328

Auffi a-ce eflé la feule raifon qui m'a ernpefché de traiter de ces chofes dans le difcours de la Méthode, qui efloit en langue vulgaire, & que i'ay referué de le faire dans ces Méditations, qui ne doiuent eftre leuës, comme i'en ay plufieurs fois auerty, que par les plus forts efprits.

Et on ne peut pas dire que i'eulTe mieux fait, fi ie me fuffe abll:enu d'écrire des chofes dont la lecture ne doit pas eftre propre ny vtile à tout le monde ; car ie les croy fi neceffaires, que ie me perfuade que fans elles on ne peut jamais rien eflablir de ferme & d'afluré dans la Philofophie.

Et quoy que le fer & le feu ne fe manient iamais fans péril par des enfans ou par des miprudens, neantmoins, parce qu'ils font vtiles pour la vie, il n'y a perfonne qui iuge qu'il fe faille abftenir pour cela de leur vfage.

Or, que dans ia quatrième Méditation ie n'aye parlé que de [l'er- reur qui fe commet dans le difcernement du vray & du faux, & non pas de celle ^ qui arriue dans la pourfuite du bien & du mal ; & que i'aye toufiours excepté les chofes qui regardent la foy & les actions de nollre vie, lorfque i'ay dit que nous ne deuons donner créance qu'aux chofes que nous connoilTons euidemment, tout le contenu de mes Méditations en fait foy ; & outre cela ie l'ay expreffement dé- claré dans les réponfes aux fécondes Obiedions, nombre cinquième, com|me auffi dans l'abrégé de mes Méditations ; ce que ie dis pour 329 faire voir combien ie défère au iugement de Monfieur Arnauld, & l'ertime que ie fais de fes confeils.

Il relie le facrement de l'Euchariftie, auec lequel Monfieur Ar- nauld iuge que mes opinions ne peuuent pas conuenir, parce que, dit-il, nous tenons pour article de foy que, la fubftance du pain efïant oflée du pain Euchariflique, les feuls accidens y demeurent. Or il penfe que ie n'admets point d'accidens réels, mais feulement des modes, qui ne peuuent pas eftre entendusyh?;5 quelque fubfîance en laquelle ils refident, & partant, ils ne peuuent pas exifer fans elle. A laquelle obieclion ie pourois très facilement m'exempter de

a. « celuy » [i" édit.)

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