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��Œuvres de Descartfs. 254-255.

��ny theologique, ny mefme philofophique, ne nous oblige à em- brader vne opinion plutoft qu'vne autre, il ne faille principale- ment choifir celles qui ne peuuent donner occafion ny prétexte à perfonne de s'efloigner des veritez de la foy ? Or, que l'opinion qui admet des accidens réels ne s'accommode pas aux railons de la Théologie, ie penfe que cela fe void icy affez clairement; & qu'elle foit tout à fait contraire à celles de la philofophie, i'efpere dans peu le démontrer euidemment, dans vn traitté des principes

337 que i'ay deffein de publier, & | d'y expliquer comment la couleur, la faueur, la pefanteur, & toutes les autres qualitez qui touchent nos iens, dépendent feulement en cela de la fuperficie extérieure des corps.

Au refte, on ne peut pas fupofer que les accidens foyent réels, fans qu'au miracle de la tranfubftantiation, lequel feul peut élire- inféré des paroles de la confecration, on n'en adioute fans necef- fité vn nouueau & incomprehenfible, par lequel ces accidens réels exiftent tellement fans la fubftance du pain, que cependant ils ne foyent pas eux mefmes faits des fubftances ; ce qui ne répugne pas feulement à la raifon humaine, mais mefme à l'axiome des Théologiens, qui difent que les paroles de la confecration n'o- pèrent rien que ce qu'elles lignifient, & qui ne veulent pas attri- buer à miracle les chofes qui peuuent eltre expliquées par raifon naturelle. Toutes lefquelles difficultez font entièrement leuées par l'explication que ie donne à ces chofes. Car tant s'en faut que, I félon l'explication que i'y donne, il foit befoin de quelque mi- racle pour conferuer les accidens après que la fublfance du pain elt oftée, qu'au contraire, fans vn nouueau miracle (à fçauoir, par lequel les dimenfions fulfent changées), ils ne peuuent pas eftre oltez. Et les hiltoires nous aprennent que cela ell quelquefois arriué, lorfqu'au lieu de pain confacré il a paru de la chair ou vn petit enfant entre les mains du preitre; car iamais on n'a creu que

338 cela foit arriué par vne celfation de miracle, mais on a | toufiours attribué cet efl"e'5t à vn miracle nouueau.

D'auantage, il n'y a rien en cela d'incomprehenfible ou de dif- ficile, que Dieu, créateur de toutes chofes, puiffe changer vne fubflance en vne autre, & que cette dernière fubftance demeure precifement fou7 la inefme fuperficie fuus qui la première eiloit contenue. On ne peut aufïï rien dire de plus conforme à la raifon, ny qui foit plus communément receu par les philofophes, que non feulement tout fentiment, mais généralement toute adion d'vn corps fur vn autre, fe fait par le contact, & que ce contait peut élire en

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