Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/304

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6 OEuvREs DE Descartes.

nauoit encore rien pu trouuer de certain, & s'efl (15) contenté | d'écrire les chofes qui luy ont femblé eftre vray-femblables, imaginant à cet effet quelques Prin- cipes par lefquels il tafchoit de rendre raifon des autres chofes; au lieu qu'Ariftote a eu moins de fran- 5 chife, & bien qu'il eufl eflé vingt ans fon difciple, lI n'eufl point d'autres Principes que les fiens, il a en- tièrement changé la façon de les débiter, & les a pro- pofez comme vrays & alTurez, quoy qu'il n'y ait au- cune apparence qu'il les ait jamais eftimé tels. Or lo ces deux hommes auoient beaucoup d'efprit, & beau- coup de la Sagefl'e qui s'acquiert par les quatre moyens precedens, ce qui leur donnoit beaucoup d'authorité, en forte que ceux qui vinrent après eux s'arrefterent plus à fuiure leurs opinions qu'à cher- i5 cher quelque chofe de meilleur. Et la principale dif- pute que leurs difciples eurent entre eux, fut pour fçauoir fi on deuoit mettre toutes chofes en doute, ou bien s'il y en auoit quelques vnes qui fuffent cer- taines. Ce qui les porta de part & d'autre à des er- 20 reurs extrauagantes : car quelques-vns de ceux qui eftoient pour le doute, l'cflendoient mefme jufques aux adions de la vie, en forte qu'ils negligeoient d'vfer de prudence pour fe conduire; & ceux qui maintenoient la certitude, fuppofant qu'elle deuoit 25 dépendre des fens, fe fioient entièrement à eux, juf- ques-là qu'on dit | qu'Epicure ofoit affurer, contre tous les raifonnemens des Aftronomes, que le Soleil n'eft pas plus grand qu'il paroiil. C'eft un défaut qu'on peut remarquer en la plufpart des difputes, que, la îo vérité eftant moyenne entre les deux opinions qu'on

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