Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/305

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Principes. — Préface. 7

fouftient, chacun s'en éloigne d'autant plus qu'il a plus d'affedion à contredire. Mais Terreur de ceux qui penchoient trop du cofté du doute ne fut pas long- temps fuiuie, & celle des autres a efté quelque peu

5 corrigée, en ce qu'on a reconnu que les fens nous trompent en beaucoup de chofes. Toutefois je ne fçache point qu'on l'ait entièrement ollée, en faifant voir que la certitude n'eft pas dans le fens, mais dans l'entendement feul, lors qu'il a des perceptions eui-

10 dentés; & que, pendant qu'on n'a que les connoif- fances qui s'acquerent par les quatre premiers degrez de SagefTe, on ne doit pas douter des chofes qui fem- blent vrayes, en ce qui regarde la conduite de la vie, mais qu'on ne doit pas auffi les eflimer fi certaines qu'on

i5 <ne> puiffe changer d'aduis, lorf qu'on y eft obligé par l'euidence de quelque raifon. Faute d'auoir connu cette vérité, ou bien, s'il y en a qui l'ont connue, faute de s'en élire feruis, la plufpart de ceux de ces der- niers fiecles qui ont voulu eftre Philofophes, ont fuiuy

20 aveuglement Ariftote, en forte qu'ils ont fouuent | cor- (i7) rompu le fens de fes écrits, en luy attribuant diuerfes opinions qu'il ne reconnoiftroit pas eftre fiennes, s'il reuenoit en ce monde ; & ceux qui ne l'ont pas fuiuy (du nombre defquels ont efté plufieurs des meilleurs

25 efprits) n'ont pas laifle d'auoir efté imbus de fes opi- nions en leur jeuneffe (pource que ce font les feules qu'on enfeigne dans les efcholes), ce qui les a telle- ment préoccupez, qu'ils n'ont pu paruenir à la con- noiftance des vrays Principes. Et bien que je les eftime

3o tous, & que je ne vueille pas me rendre odieux en les reprenant, je puis donner vne preuue de mon dire

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