Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/310

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12 OEUVRES DE Descartes.

forcer beaucoup fon attention, ny s'arrefter aux difR- cultez qu'on y peut rencontrer, afin feulement de fça- uoir en gros quelles font les matières dont j'ay traitté ; & qu'après cela, fi on trouue qu'elles méritent d'eflre examinées, & qu'on ait la curiofité d'en connoiftre les 5 caufes, on le peut lire vne féconde fois, pour remar- quer la fuitte de mes raifons ; mais qu'il ne fe faut pas derechef rebuter, fi on ne la peut allez connoiftre par- tout, ou qu'on ne les entende pas toutes; il faut leule- (23) ment marquer d'vn | trait de plume les lieux où l'on lo trouuera de la difficulté, & continuer de lire fans in- terruption jufques à la fin; puis, fi on reprend le Liure pour la troifieme fois, j'ofe croire qu'on y trouuera la folution de la plufpart des difficultez qu'on aura marquées auparauant; & que, s'il en refte encore i5 quelques-vnes, on en trouuera enfin la folution en relifant.

l'ay pris garde, en examinant le naturel de plu- fieurs efprits, qu'il n'y en a prefque point de fi grofiTiers ny de fi tardifs, qu'ils ne fuffent capables 20 d'entrer dans les bons fentimens & mefmes d'acquérir toutes les plus hautes fciences, s'ils eftoient conduits comme il faut. Et cela peut aufii eftre prouué par rai- fon : car, puis que les Principes font clairs, & qu'on n'en doit rien déduire que par des raifonnemens très- 25 éuidens, on a touf-jours afilez d'efprit pour entendre les chofes qui en dépendent. Mais, outre l'empefche- ment des préjugez, dont aucun n'eft entièrement exempt, bien que ce font ceux qui ont le plus eftudié les mauuaifes fciences aufquels ils nuifent le plus, il 3o arriue prefque touf-jours que ceux qui ont l'efprit

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