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52 OEUVRES DE Descartes.

il n'a pu le delTaire de la puillance qu'il auoit de les feparer, ou bien de les conferuer l'vne fans l'autre, & que les chofes que Dieu peut feparer, ou conferuer feparement les vnes des autres, font réelle- ment diftincles.

��6i . De la dijîinâion modale.

Il y a deux fortes de dillincTion modale, à fçauoir l'vne entre le mode que nous aiions appelle façon, & la fubftance dont il dépend & qu'il diuerjifie, & l'autre entre deux difi"erentesyaço»5 d'vne mefme fubrtance. La première eil remarquable en ce que nous pouuons apperceuoir clairement la fubltance fans la façon qui diffère d'elle en cette forte; mais que, réciproquement, nous ne pouuons auoir vne idée diftinde d'vne telle façon, fans penfer à vne telle fubflance. Il y a, par exemple, vne dillindion modale entre la figure ou le mouuement, & la fubltance corporelle dont ils dépendent tous deux; il y en a auffi entre affurer ou le refouuenir, &. la chofe qui penfe. 44 Pour I l'autre forte de diftinclion, ^;a' ejl entre deux dijfei-entes façons d'vne wefme fub fiance, elle elt remarquable en ce que nous pou- uons connoiftre l'vne de ces façons fans l'autre, comme la figure fans le mouuement, & le mouuement fans la figure...; mais que nous ne pouuons penfer diftinclement ni à l'vne ni à l'autre, que nous ne fçachions qu'elles dépendent toutes deux d'vne mefme fubftancc. Par exemple, fi vne pierre ell meuc, & auec celc quarrée, nous pou- uons connoiftre fa figure quarrée fans fçauoir qu'elle foit meuë; & réciproquement, nous pouuons fçauoir qu'elle eit meuë, fans fçauoir fi elle eft quarrée ; mais nous ne pouuons auoir vne connoilfance diftinde de ce mouuement & de cette figure, fi nous ne connoiiVons qu'ils font tous deux en vne mefme chofe, à fçauoir en la fubllance de cette pierre. Pour ce qui eft de la diftinction dont la façon d'vne fubftance eft différente d'vne autre fubftance ou bien de la façon d'vne autre fubftance, comme le mouuement d'vn corps eft différent d'vn autre corps ou d'vne chofe qui penfe, ou bien comme le mou- uement eft différent du doute", il me femble qu'on la doit nommer réelle pluftoft que modale, à caufc que nous ne Içaurions connoiftre les modes fans les fubftances dont ils dépendent, & que les fubjla)ices font réellement diftinctes les vnes des autres.

a. La traduction ne tient pas compte de l'errata de l'cdition latine, où dubitatio est corrigé en duratio.

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