Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/371

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Principes. — Seconde Partie. 7)

vn vafe, & conferuer ce vafe en/on me/me e/iat, fans qu'il fuft befoin qu'aucun autre corps fuccedaft en la place de celuy qu'il aurait ofté. Mais, afin que nous puiflions maintenant corriger vne fi fauffe opinion, nous remarquerons qu'il n'y a point de liaifon neceffaire entre le vafe & vn tel corps... qui le remplit, mais qu'elle eft... fi abfolument neceffaire entre la figure concaue qu'a ce vafe & l'eftcn- duë... qui doit eftre comprife en cette concauité, qu'il n'y a pas plus de répugnance à conceuoir vne montagne fans vallée, qu'vne telle concauité fans l'extenfion qu'elle contient, & cette extenfion fans quelque cho/e d'eftendu, à caufe que le néant, comme il a efté def-ja remarqué plufieurs fois, ne peut auoir d'extenfion. C'eft pourquoy, fi on nous, demande ce qui arriueroit, en cas que Dieu oftaft tout le corps qui eft dans vn vafe, fans qu'il permift qu'il en rentraft d'autre, nous répondrons | que les coftez de ce vafe/e trou- 78 ueroient fi proches qu'ils fe toucheroient immédiatement. Car il faut que deux corps s'entre-touchent, lors qu'il n'y a rien entr'eux deux, pource qu'il y auroit de la contradidion que ces deux corps fuffent éloignez, c'efl à dire qu'il y euft de la diftance de l'vn à l'autre, & que neantmoins cette diftance ne fuft rien : car la diftance eft vne propriété de l'eftenduë, qui ne fçauroit fubfifter fans quelque chofe d'eftendu.

ig. Que cela confirme ce qui a efté dit de la rarefaâion.

Apres qu'on a remarqué que la nature de la fubftance matérielle ou du corps ne confifte qu'en ce qu'il eft quelque chofe d'eftendu, & que fon extenfion ne diffère point de celle qu'on attribue à l'efpace vuide, il eft aifé de connoiftre qu'il n'eft pas poftible qu'en quelque façon que ce/oit aucune de fes parties occupe plus d'efpace vne fois que l'autre, & puiffe eftre autrement raréfiée qu'en la façon qui a efté expofée cy-deffus"; ou bien qu'il y ait plus de matière ou de corps dans vn vafe, lors qu'il eft plein d'or, ou de plomb, ou de quelque autre corps pefant & dur, que lors qu'il ne contient que de l'air & qu'il paroift vuide : car la grandeur des parties dont vn corps e/l compoféne dépend point de la pefanteur ou de la dureté que nous /entons à Jon occafion, comme il a ejlé aujjî remarqué^, mais feule- ment de reften|duë, qui eft touf-jours égale dans vn mefme vafe. 79

a. Art. 6 ie cette 2« partie, ci-avant p. 66.

b. Art. 4 et II, p. 65 et p. 68.

Œuvres. IV. 41

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