Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Principes. — Troisiesme Partie. i i j

��26. Que la Terre fe repofe en/on Ciel, mais qu'elle ne laiffe pas d'ejlre tranfportée par luy.

En quatrième lieu, puis que nous vo3'ons que la Terre n'eft point fourtenuë par des colomnes, ni fufpenduë en l'air par des cables, mais qu'elle eft enuironnée de tous coftez d'vn Ciel très-liquide, penfons qu'elle eft en repos, & qu'elle | n'a point de propenfion au 139 mouuement, veu que nous n'en remarquons point en elle ; mais ne croyons pas auffi que cela puiffe empefcher qu'elle ne foit emportée par le cours du Ciel, & qu'elle ne fuiue fon mouuement fans pour- tant fe mouuoir : de mefme qu'vn vaiffeau, qui n'eft point emporté par le vent, ni par des rames, & qui n'eil point auiTi retenu par des ancres, demeure en repos au milieu de la mer, quoy que peut élire lejlux ou reflux àç. cette grande malTe d'eau l'emporte infen- fiblement auec foy.

27. Qu'il en eft de mefme de toutes les Planètes.

Et tout ainfi que les autres Planètes reffemblent à la Terre, en ce qu'elles sont opacques & qu'elles renuoyent les rayons du Soleil, nous auons fujet de croire qu'elles luy reffemblent encore, en ce qu'elles demeurent co»î7He elle en repos, en la partie du Ciel où cha- cune fe trouue, & que tout le changement qu'on obferue en leur fituation, procède feulement de ce qu'elles obeïffent au mouuement de la matière du Ciel qui les contient.

��2<?. Qu'on ne peut pas proprement dire que la Terre ou les Planètes fe meuuent, bien qu'elles foient aiitfi tranfportées.

Nous nous fouuiendrons aufti, en cet endroit, de ce qui a efté dit cy-delfus", touchant la nature du mouuement, à fçauoir qu'à pro- prement parler, il n'eft que le tranfport d'vn corps, du voifinage de ceux qui le touchent immédiatement & que nous confiderons comme en re|pos, dans le voifinage de quelques autres; mais que, félon 140 l'vfage commun, on appelle fouuent, du nom de mouuement, toute action qui fait qu'vn corps pall'e d'vn lieu en vn autre; & qu'en ce fens on peut dire qu'vne mefme chofc en mefme temps eft mcuc & ne l'eft pas, félon qu'on détermine fon lieu diuerfem'mt. Or on ne

a. Partie II, art, 23. Pi 761

Œuvres. IV. 46

�� �