Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/549

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Principes. — Quatriesme Partie. 2^1

forme du feu. Penfons, par exemple, que l'efpace qui eft entre les corps B & C', reprefente vn des pores qui l'ont dans les herbes encore vertes, & que les petits bouts de cordes i , 2, 3, auec les petites boules qui les enuironnent, reprelentent les parties des lues ou efprits enuironnées... du fécond élément, ainli qu'elles ont couftume d'eftre lors qu'elles coulent le long de ces pores; & de plus, que l'efpace qui elt entre les corps D & E, l'oit l'vn des pores d'vne autre herbe qui commence à fe feicher, ce qui eft caufe qu'il eft fi eflroit que, I lors que les mefmes parties des fucs 1 , 2, 3, y viennent, elles n'y peuucnt eftre enuironnées du fécond élément, mais feulement de quelque peu du premier. Et nous verrons éuidemment que, pen- dant que les Jurs /, 2, 3, coulent par dedans l'herbe verte d- humide BC, ils n'y fuiuent que le cours... du fécond élément; mais que, lors qu'ils Vaffent dans l'herbe feiche DE, ils y doiuent fuiure le cours du premier, lequel efl beaucoup plus rapide. Car, encore qu'il n'y ait que fort peu du premier élément autour des parties de ces fucs, c'eft affez qu'il les enuironne en telle for le qu'elles ne fnieii! aucunemeni retenues par le fécond, ny par aucun autre corps qui les touche, pour faire qu'il ait la force de les emporter auec foj : amfi qu'vn battcau peut eftre emporté par le cours d'vn niifl'eau qui n'a juftement qu'autant de largeur qu'il en faut pour le contenir, auec quelque peu d'eau tout autour gui empefche qu'il ne touche à la terre, auiïi bien que par le cours d'vne riuiere également rapide & beau- coup plus large. Or, quand ces parties des fucs fuiuent ainfi le cours du premier élément, elles ont beaucoup plus de force à pouffer les corps qu'elles rencontrent, que n'auroit pas ce premier élément, 5'// ejloit feul : comme on voit aufli qu'vn bateau qui fuit le cours d'vne riuiere, en a beaucoup plus... que l'eau de cette | riuiere, qui toutefois e/l feule la câui'e de fon mouuement. C'eft pourquoy ces parties des fucs ainfi agitées, rencontrant les plus dures parties du foin, les pouffent auec tant d'impetuofité, qu'elles les feparent aifément de leurs voifines, principalement lors qu'il arriue que plufieurs en pouffent vne feule en mefme temps...; & lors qu'elles en feparent ainfi affez grand nombre qui, ejîant proches les vues des autres, fui- uent le cours du premier élément, le foin s'embrafe tout à fait ; mais lors qu'elles n'en meuuent que quelques vues, qui n'ont pas a[le^ d'ef- pace autour d'elles pour en aller choquer d'autres, elles font feule- ment que ce foin deuient chaut, & fe corrompt peu à peu fins s'em- brafer, en forte qu'alors il j a en lit/ vne efpece de feu qui ejt fans lumière.

a. Planche XVIII, figure i.

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