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Principes. — Quatriesme Partie. 287

faut remarquer qu'il y a touf-jours beaucoup plus de ces parties ca- nelées autour des pierres d'aymant, qu'il n'y en a aux autres endroits de l'air..., à caufe qu'après qu'elles l'ont /orties par l'vn des coJîe\ de l'ajmant, la refiftence qu'elles trouuent en l'air qui les enuironne, fait que la plufpart retournent par cet air vers l'autre cojlé de cet aymant par lequel elles entrent derechef: & abifi, plujîeurs demeu- rant autour de lu/, elles/ font vue c/pece de tourbillon, tout de me/me qu'il a ejlé dit qu'elles font autour de la Terre. De forte que toute cette Terre peut auiTi eftre prife pour vn aymant, lequel ne diffère point des autres, fmon en ce qu'il eft beaucoup plus grand..., <? que fur fa fuperjicie, oii nous viuons, fa vertu ne paroijt pas efîre bien forte.

i53. Pour^uoy deux aymans s'approchent l'vn de l'autre, & quelle ejl la/phere de leur vertu '.

Outre que deux aymans qui font proches fe tournent jufques à ce que le pôle Auftral de l'vn | regarde le pôle Boréal de l'autre, ils 423 s'approchent en fe tournant ou bien après eftre ainfi tournez, juf- ques à ce qu'ils viennent à fe toucher, lors que rien n'empefche leur mouuement. Car il faut remarquer que les parties canelées paflent beaucoup plus vite par les conduits de l'aymant que par l'air, dans lequel leur cours efl arreflé par le fécond & troifiéme élément qu'elles rencontrent, au lieu qu'tn ces conduits elles ne fe nieflent qu'auec la plus fubtile matière du premier élément..., laquelle augjjiente leur viteffe. C'efl pourquqy elles continuent quelque peu leur mouuement en lignes droites, après eflre for lies de l'aymant, auant que la re- Jijîance de l'air les puiffe deflourner ; & fi, en l'efpace par oii elles vont ainfi en lignes droites, elles rencontrent les conduits d'vn autre aymant, qui foient difpufe\ à les receuoir, elles entrent en cet autre aymant au lieu de fe deftourner, & chaffant l'air qui efl entre ces deux aymans, font qu'ils s'approchent l'vn de l'autre. Par exemple, les parties canelées qui coulent dans les conduits de l'aymant marqué 0^.., les vnes de B vers A, & les autres d'A vers B, ont la force de paffer outre en ligne droite des deux coftez jufqu'à R & S, auant que la refifiance de l'air les contraigne de prendre leur cours de part & d'autre vers V. Et note^ que tout l'efpace RVS, qui contient \ le tourbillon que font les parties canelées autour de cet 424 aymant O, fe nomme la fphere de fon adiuité ou de fa vertu ; & que

a. Propriété 4, p. 280.

b. Planche XIX, figure 2.

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