Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/615

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Principes. — Quatriësme Partie. j\j

tenons enfermé. Nous pouuons fouucnt auffi remarquer que la chaleur, la dureté, la pejanlcur, & les autres qualitez fenfibles, en tant qu'elles font dans les corps que nous appelons chauds, durs, pefans, &c., & mefme aulïï les formes de ces corps qui font pure- ment matérielles, comme... la forme du feu, & femblables, y font produites par le mouuement de quelques autres corps, & qu'elles produifent auffi par après d'autres mouuemens en d'autres corps. Et nous pouuons fort bien conceuoir comment le mouuement d'vn corps peut eftre caujé par celuj' d'vn autre, & diuerfifié par la gran- deur, la figure, & la fituation de fes par|ties, mais nous ne fçaurions 472 entendre en aucune façon comment ces mefmes chofes, à fçauoir la grandeur, la figure & le mouuement, peuuent produire des na- tures entièrement différentes des leurs, telles que font celles des qualitez réelles &. des formes fubftantielles, que la plus part des Philofophes ont fuppofées eftre dans les corps ; ny aulli comment ces formes ou qualitez, eftant dans vn corps, peuuent auoir la force d'en mouuoir d'autres. Or puis que... nous fçauons que noftre ame eft de telle nature que les diuers mouuemens de quelque corps fuf- fifcnt pour luy faire auoir tous les diuers fentimens qu'elle a, & que nous voyons bien par expérience que plufieurs de fes fentimens font véritablement caufez par de tels mouuemens, mais que nous n'apperceuons point qu'aucune autre chofe que ces mouuemens palTe jamais par les organes des fens... jufques au cerueau, nous auons fujet de conclure que nous n'apperceuons point aulli en au- cune façon que tout ce qui efl dans les objets..., que nous appelons leur lumière, leurs couleurs, leurs odeurs, leurs goufts, leurs fons, leur chaleur ou froideur, & leurs autres qualitez qui fe fentent par l'attouchement, & auffi ce que nous appelions leurs formes fublhin- tielles, foit en eux autre chofe que les diuerfes_//^H;vi-, Jitualioiis, graudeuis \ & inouuemeiis de leurs parties, qui font tellement dif- 473 polees qu'elles peuuent mouuoir nos nerfs en toutes les diucrfes façons qui font requifes pour exciter en iiojtre ame tous les diuers feulimens qu'ils j- excitent.

'99- Qu'l n'y a aucun pliainomene en la nature qui ne foit compris en ce qui a ejlé expliqué en ce traitté.

Etainlije puis demoniker, par vn dénombrement très-facile, qu'il n'y a aucun phainomene en la nature dont l'explication ait elle obmife en ce traitté. Car il n'y a rien qu'on puille mettre au nombre de ces phninomcnes, (mon ce que nous pouuons apperceuoir par

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