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1,82. DXXXIX. — 22 Février 1649. ^^^

soir, et à Egmoiid quelques jours après, vers le 20. D'autre part. Descaries écrivit cette lettre au moment oit il reçut (p. 283, l. 4] les deux lettres de Suéde, auxquelles il répondit le 26 février 1 64g. Elle est donc antérieure de peu à ces deux réponses, sinon du même jour, le 26 également. Ou encore, s'il J'aul prendre à la lettre le mot de Baillet, que la lettre précédente, du 21 février, aurait été écrite < la veille » {ci avant p. 2S0, l. i3), celle-ci serait précisément du 22 février 164g.

Madame,

Entre plufieurs fafcheufes nouuelles que i'ay re- ceuès de diuers endroits en mefme temps % celle qui m'a le plus viuement touché, a eflé la maladie de 5 voftre Alteffe. Et bien que i'en aye auffi appris la guerifon^', il ne laiffe pas d'en refter encore des marques de trifteffe en mon efprit, qui n'en pourront eflre fi-toll eftacées. L'inclination à faire des vers, que voftre Alteffe auoit pendant fon mal, me fait fouuenir

10 de Socrate, que Platon ditauoir eu vne pareille enuie, pendant qu'il eftoit en prifon. Et ie croy que cette humeur de faire des vers, vient d'vne forte agitation des efprits animaux, qui pourroit entièrement trou- bler l'imagination de ceux qui n'ont pas le cerueau

i5 bien raffis, mais qui ne fait qu'échaufer vn peu plus les fermes, & les difpofer à la poëfie. Et ie prens cet emportement pour vne marque d'vn efprit plus fort & plus releué que le commun.

Si ie ne connoifTois le voftre pour tel, ie craindrois

20 que vous ne fuffiez extraordinairement affligée d'a-

a. Voir ci-avant p. 279-280.

b. Elisabeth lui avait sans doute appris sa maladie (c|ui mit sa vie en grand péril, p. 28?,, 1. 4) et sa guérison dans une même lettre, qui est perdue. La dernière lettre de Descartes est \& lettre DXXIX, d'octobre 1648, p. 23i ci-avant.

Correspondance. V. ^ 36

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