Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/376

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jôi Correspondance. i, 145.

Stocbolm. M. Chanut vous fera témoin qu'auant qu'il fuit arriué icy, iauois préparé mon petit équipage, & tafché de vaincre toutes les difficultez qui fe pre- fentent à vn homme de ma forte & de mon âge, lors qu'il doit quitter fa demeure ordinaire pour s'engager 5 à vn fi long chemin. Mais, nonobilant qu'il m'ait trouué ainfi difpofé à partir, & que i'aye trouué auffi qu'il efloit difpofé à vfer de toutes fortes de raifons pour me perfuader ce voyage, en cas que ie n'y euffe pas eflé refolu; toutesfois, pource qu'il ne m'a point \o dit qu'il eufi: aucun ordre de fa Maiefté pour me com- mander de me hafter, & que l'eflé efl encore long, ie luv av propofé vne difficulté, dont il a trouué bon que ie vous priaile de méclaircir. C'eft que, n'ayant pu me préparer à ce voyage fans- que plufieurs ayent fçeu iS que i'auois intention de le faire, & ayant quantité d'ennemis, non point, grâce à Dieu, à caufe de ma perfonne, mais en qualité dautheur d'vne nouuelle Philofophie, ie ne doute point que quelques-vns n'ayent écrit en Suéde, pour tafcher de m'y décrier. Il 20 eft vray que ie ne crains pas que les calomnies ayent aucun pouuoir fur lefprit de fa Maiefté, pource que ie fçay qu'elle eft tres-fage & tres-clairuoyante; mais, à caufe que les Souuerains ont grand intereft d'éuiter iufques aux moindres occafions que leurs fuiets peu- 25 uent prendre pour defaprouuer leurs adions, ie ferois extrêmement marry que ma prefence feruit de fuiet à la médifance de ceux qui pourroient auoir enuie de dire qu'elle eft trop affiduë à l'étude, ou bien qu'elle reçoit auprès de foy des perfonnes d'vne autre Reli- 3o gion, ou chofes femblables; & bien que ie defire ex-

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