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��Correspondance.

��» augmenter encore la jalousie des Grammairiens et des Scavantasses a qui obsédoient la Reine, et qui auroient fait un grand profit d'une » gloire qui paroissoit si frivole et si méprisable à M. Descartes. C'est » tout ce que nous pouvons deviner de plausible, pour tâcher de ne point » faire mentir ceux qui ont publié [en marge : Viog(ué) lettr. MS- à n l'Abbé le Roy. Item Rél. MS. du Père Poisson, etc.] que ces Gram- » mairiens, pour se délivrer de l'ombre que leur faisoit M. Descartes, » étudioient soigneusement toutes les occasions de lui nuire, et de ral- » lentir ces premières ardeurs que la Reine faisoit paroitre pour sa Phi- i> losophie. Celuy qui occupoit alors cette Princesse plus que les autres, » étoit le sieur Isaac Vossius, fils du laborieux Gérard Jean Vossius, » celuy qui mourut vers le commencement des dernières révolutions de » l'Angleterre à Windsor, où il étoit Chanoine ; c'étoit un jeune sçavant » âgé pour lors de prés de trente-deux ans, qui ne s'estimoit pas moins » que M. Descartes. Il enseignoit actuellement la langue grecque à la » Reine. » (Baillet, II, 393-396.)

Baillet cite là-dessus un passage de Sorbière, que voici en entier :

« Quant au subiect de sa mort [mort de Descartes), ie n'oserois croire » qu'il eust esté si mal habile que de s'affliger iusques à se serrer le cœur I) de ce qu'il estoit mal écouté de la Reine de Suéde ; mais i'ay bien oily B dire que cette Princesse n'auoit pas beaucoup estimé les spéculations » de M. Descartes, comme de son costé il n'auoit pas fait grand estât des » estudes de la Reine, qui en ce temps là estoit toute attachée à la langue » Grecque auec le ieune Vossius. On m'a asseuré que M. Descartes auoit » dit à la Reine, qtt'il s'estonnoit que S. M. s'amusast à ces bagatelles; » qu'il en auoit appris tout son saoul, estant petit garçon dans le Collège; j) mais qu'il estoit bien aise d'auoir tout oublié en l'aage de raisonner. Ce » discours depleut sans doute, et les Grammairiens, qui obsédoient alors » cette Princesse, en prirent aduantage sur vn homme qui leur faisoit B ombrage et auquel ils portoient enuie, a Lettre à M. Petit, 20 févr. 1657, p. 692 des Lettreset Discours de M. de Sorbiere. (Paris, François Clousier, 1660.)

Sorbière, qui n'aimait pas Descartes, a pu forcer un peu les choses. Pourtant voici un autre témoignage tout à fait concordant. Il est de Phi- libert de la Mare, dans sa Vie MS. et inédile de Claude Sa imaise, con- servée à la Bibliothèque de la ville de Dijon :

« Hœc vera Cartesii mortis hisioria, veneno, ut quidam voluerunt, fes- » tinatae ; qui rumor, vix natus, statim evanuit. Nec etiam defuere qui » illius causam ingenti dolori tribuerint, quem concepisse Cartesium aie- D bant, quôd se apud Christinam minori jam esse in pretio animadver- » teret, Reginae animo ad alla studia traducto. Quôd autem a Graecorum I) lectione Reginam conatus fuerit avertere, testes sunt, qua; apud me » servantur, Isaaci Vossii, viri in re literarià maximi nominis, ad Salma-

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