Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/636

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022 Préfaces de Clerselier. (7-8)

» raie de fon Monde, foit dans fes Météores pour l'explication par- » ticuliere des plus beaux phainomenes de la Nature; fi bien que » fon adreffe & la fubtilité de fon efprit y paroiffent toutes en- » tieres. Et ce qui, ie m'affure, ne furprendra pas moins le lecleur, » eft que l'éclairciffement de tant de difficultez qu'il explique, ne fe » fait pas d'vne manière dogmatique, ny par les formes ordinaires » des argumens, mais d'vn flile fi aifé & fi net, qu'il femble que » les penfées luy couloient de la plume, & qu'elles feroient venues » à tout autre en l'efprit. Chacun fçait combien le ftile des lettres » eft difficile ; cependant on verra qu'à vn efprit comme le fien » tout eftoit également facile, & qu'il s'en demefle auffi bien que » de tous les autres genres d'écrire. A la vérité, peut-eftre que les » délicats n'y trouueront pas de ces paroles choifies, qui cha- » touillent l'oreille de leur fon, ny de ces périodes nombreufes, qui » femblent n'aller que par mefure & par cadence; mais ie fuis » affuré que les plus exa6ls y reconnoiftront les mots propres de » chaque chofe, & n'y verront que | des termes fi fignificatifs, qu'ils » portent leur lumière auec eux. Que fi ces perfonnes fcrupu- » leufes ont de la peine à trouuer rien de confiderable à reprendre » touchant la pureté des paroles, leur cenfure aura encore moins » de prife fur la force des raifons & la netteté du fens, qui font les » deux feules chofes qu'vn Philofophe doiue confiderer, & dans » lefquelles on peut dire que Monfieur Defcartes a excellé par deffus » tous ceux qui ont é.crit auant !uy de femblables matières ; de forte » que ie me fuis quelquefois eftonné de voir taxer fes écrits de » confufion & d'obfcurité, voyant qu'il fuit par tout la manière » d'écrire des Géomètres, qui eft la plus exade de toutes, & qu'il » ne fe fert point d'autres principes que de ceux des Mathématiciens )) mefme, que tout le monde admet à caufe de leur clarté & » euidence. »

« l'auertis ceux qui verront icy leurs lettres, qu'il fe poura faire » qu'ils ne les trouueront pas en tout conformes à celles qu'ils ont » receuës de Monfieur Defcartes; mais ce manquement peut eftre » arriué de deux caufes. La première, que, ces lettres n'ayant efté » imprimées que fur le Manufcrit que Monfieur Defcartes s'en » eftoit referué, il fe peut faire qu'en les tranfcriuant, il y ait changé ') ou corrigé quelque chofe, comme il arriue fouuent, & que par » après il ait négligé de le reformer dans fon original. L'autre » raison eft que le Manufcrit s'eft trouué en quelques endroits de- » fedueux, & en d'autres fi mal écrit & fi brouillé, que i'ay efté » quelquefois réduit à deuiner ce que l'Autheur auoit voulu dire;

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