Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/664

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

650 Préfaces de Clerselier. {i5-i6)

» fautes, & qu'il en retfanchaft tout ce dont il fe pourroit offenfer. » Mais il n'a voulu faire ny l'vn ny l'autre; et après m'auoir dit » qu'il fçauroit bien faire voir, par les originaux qu'il auoit en fes » mains, la vérité, s'il m'arriuoit de n'eftre pas fidèle dans le rap- » port que l'en ferois, il adjoûta qu'il s'en remettoit à moy pour le )) refte, que les paroles le touchoient fort peu, & que, fi le fiecle " prelent.ne luy faifoit iuftice, la pofterité la luy feroit. »

« Tout ce que i'ay donc pu faire, a efté de m'en rapporter à mes » minutes, ainfi que i'ay défia fait ; & iufques icj' il ne s'efl: trouué » perfonne qui s'en foit plaint, & qui m'ait accufé d'aucune falfifi- » cation ; comme en effet, ie le prie de croire, luy & les autres, que » ie ne fuis pas capable de femblables lafchetez, & que, s'il m'ar- » riue de manquer en quelque chofe, ce ne fera que parce que, » dans la confufion où i'ay trouué ces Minutes, ie n'auray pu faire » mieux. »

« Pour ce qui efl: d'auoir apporté quelque adouciffement aux » paroles aigres, que l'animofité qui ell dans le cœur laiffe quel- )- quefoîs couler du bout de la plume, ie confefle que ie I'ay tou- » fiours fait, autant que i'ay pu & que i'ay iugé le deuoir faire, fans » rien diminuer de la force des raifons, qui, dans certaines ren- » contres, confiite toute dans cette viue piqueure que les mots » portent auec foy, & qu'ils doiuent faire reffentir pour bienfigni- » fier les chofes. Et c'eft là tout le déguifement que i'ay apporté à » ces lettres, & le feul dont on me puilïe accufer, fi toutesfois » c'eft vne faute d'auoir corrigé ou couuert celles d'autruy. »

« le ne fçay maintenant fi l'on ne trouuera point à redire, de ce » que, dans ce volume, i'a}' ioint la verfion Françoife aux lettres » Latines que Monfieur Defcartes ou fes amis ont écrites; mais, » s'il y en a I qui s'en plaignent, ce ne peut eftre que parce que » cela leur aura fait acheter le liure plus cher. Car ceux qui » aimeroient mieux que la verfion n'y fuft point, n'ont qu'à ne la » pas lire; & peut-eftre y en aura-t'il plufieurs, de ceux-là melme » qui font capables de lire le Latin, à' qui cette verfion ne nuira » point; et pour ceux qui voudroient que le tout fuft François, ie )> croy qu'on n'a que faire de leur deffendre de lire le Latin, ils » témoigneront affez par là qu'ils ne l'entendent' point, & ainfi il » leur fera aifé de paffer par deffus, & de prendre la peine de » tourner deux ou trois feuillets ; mais ils ne doiuent pas enuier » aux autres la fatisfadion qu'ils auront de voir l'original. »

« Et mefme, pour rendre raifon de ma conduite, ie diray icy que, » quand ie fis imprimer le premier Volume des Lettres, ie crû

�� �