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1,4- CDXCV. — 20 Novembre 1647. 85

qu'elle a de poffeder quelque bien, & que fouuent cette opinion n'eft en elle qu'vne reprefentation fort confufe, & mefme que fon vnion auec le corps efl caufe qu'elle fe reprefente ordinairement certains biens in- 5 comparablement plus grands qu'ils ne font; mais que, fi elle connoilToit diftindement leur iufle valeur, fon contentement feroit toufiours proportionné à la gran- deur du bien dont il procederoit. le remarque aufli que la grandeur d'vn bien, à noflre égard, ne doit pas

10 feulement eftre mefurée par la valeur de la chofe en quoy il confille, mais principalement auffi parla façon dont il fe raporte à nous ; & qu'outre que le libre arbitre efl de foy la chofe la plus noble qui puifle eftre en nous, d'autant qu'il nous rend en quelque

i5 façon pareils à Dieu & femble nous exemter de luy eftre fuiets, & que, par confequent, fon bon vfage eft le plus grand de tous nos biens, il eft auffi celuy qui eft le plus proprement noftre & qui nous importe le plus, d'où il fuit que ce n'eft que de luy que nos plus

20 grands contentemens peuuent procéder. Auffi voit-on, par exemple, que le repos d'efprit & la fatisfadion intérieure que fentent en eux-mefmes ceux qui fçauent qu'ils ne manquent iamais à faire leur mieux, tant pour connoiftre le bien que pour l'acquérir, eft vn

2 5 plaifir fans comparaifon plus doux, plus durable & plus folide que tous ceux qui viennent d'ailleurs.

l'obmets encore icy beaucoup d'autres chofes, pource que, me reprefentant le nombre des aff"aires qui fe rencontrent en la conduitte d'vn grand

3o Rovaume, & dont voftre Maiefté prend elle-mefme les foins, ie n'ofe luy demander plus longue audience.

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