Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VI.djvu/98

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bien, ſi ie ne les puis aperceuoir, de dire ſimplement ce que ie croyray eſtre requis, pour la defence des choſes que i’ay eſcrites, ſans y adiouſter l’explication d’aucune nouuelle matiere, affin de ne me pas engager ſans fin de l’vne en l’autre.

Que ſi quelques vnes de celles dont i’ay parlé, au commencement de la Dioptrique & des Meteores, chocquent d’abord, a cauſe que ie les nomme des ſuppoſitions, & que ie ne ſemble pas auoir enuie de les prouuer, qu’on ait la patience de lire le tout auec attention, & i’eſpere qu’on s’en trouuera ſatisfait. Car il me ſemble que les raiſons s’y entreſuiuent en telle ſorte que, comme les dernieres ſont demonſtrées par les premieres, qui ſont leurs cauſes, ces premieres le ſont reciproquement par les dernieres, qui ſont leurs effets. Et on ne doit pas imaginer que ie commette en cecy la faute que les Logiciens nomment vn cercle ; car l’experience rendant la plus part de ces effets tres certains, les cauſes dont ie les deduits ne ſeruent pas tant a les prouuer qu’a les expliquer ; mais, tout au contraire, ce ſont elles qui ſont prouuées par eux. Et ie ne les ay nommées des ſuppoſitions, qu’affin qu’on ſçache que ie penſe les pouuoir deduire de ces premieres veritez que i’ay cy deſſus expliquées, mais que i’ay voulu expreſſement ne le pas faire, pour empeſcher que certains eſprits, qui s’imaginent qu’ils ſçauent en vn iour tout ce qu’vn autre a penſé en vingt années, ſi toſt qu’il leur en a ſeulement dit deux ou trois mots, & qui ſont d’autant plus ſuiets a faillir, & moins capables de la verité, qu’ils ſont plus penetrans & plus vifs, ne puiſſent de