Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VIII.djvu/654

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

256 Lettre apologetiqve ss-*;-

impudente la calomnie du ieune Voëtius, lors qu'il reproche à Meflieurs de Groningue, qu'ils ont iugé fur la depofition d'vn feul témoin, qui eft ce qu'il leur reproche le plus a ; car quand ils n'auroient eu aucun égard aux paroles de Schoock, ils ont eu affez 5 de preuues fans cela. Et toutesfois, il eft euident que la déclaration faite à Groningue, eft incomparablement plus croyable, que celle qu'il auoit donnée auparauant à Vtrech; car en celle d'Vtrech, outre qu'elle luy auoit efté fuggerée, il ne depofoit que les chofes qu'il pen- 10 foit eftre à fon aduantage, à fçauoir, qu'il eftoit au- theur d'vn liure, auquel il auoit defia|mis fon nom. Et il n'eftoit point en la prefence des luges ; il n'auoit point peur d'eftre repris, encore que ce qu'il declaroit ne fuft pas vray; il le donnoit feulement par écrit à i5 vn amy, qu'il eftimoit affez puiffant pour le pouuoir tirer de peine, encore que fa fauffeté fuft découuerte : au lieu qu'à Groningue, il a depofé ce qu'il auoit honte qu'on fceuft, & qui deuoit grandement déplaire à fes plus intimes amis ; & il ne l'a pas depofé en fecret, 20 mais c'a efté en la prefence des luges. Et ainfi, on peut s'affurer qu'il n'y a eu que la reuerence de la juftice, & la crainte d'eftre chaftié, s'il mentoit, & s'il fe char- geoit du crime d'vn autre, qui l'a obligé à dire ce qu'il a dit. Mefme il a déclaré qu'il euft confeffé dés Vtrech 25 les mefmes chofes, s'il euft efté ferieufement interrogé par des luges; & il arriueprefquetouûours, lors qu'on examine vn criminel, ou vn témoin, qui a quelque intereft à celer la vérité de ce qu'on luy demande, que la depofition qu'il fait en iugement, eft contraire à ce 3o

a. Cf. aussi p. 288 ci-avant, note a.

�� �