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LA[1] RECHERCHE DE LA VERITÉ
PAR
LA LUMIERE NATURELLE

Qui toute pure[2], & ſans emprunter le ſecours de la 5 Religion ni de la Philoſophie, determine les opinions que doit avoir un honeſte homme, touchant toutes les choſes qui peuvent occuper ſa penſée, & penetre juſque dans les ſecrets des plus curieuſes ſciences.


Un honneſte homme n’eſt pas obligé d’avoir veu 10 tous les livres, ni d’avoir appris ſoigneuſement tout ce qui s’enſeigne dans les eſcholes ; & meſme ce ſeroit une eſpece de deffaut en ſon education, s’il avoit trop employé de temps en l’exercice des lettres. Il a beaucoup d’autres choſes à faire pendant ſa vie, le cours 15 de laquelle doit eſtre ſi bien meſuré, qu’il luy en reſte la meilleure partie pour prattiquer les bonnes actions, qui luy devroient eſtre enſeignées par ſa propre raiſon, s’il n’apprenoit rien que d’elle ſeule. Mais il eſt

  1. En tête de la Copie MS. on lit : « Paris d. 16 Novembr. anno 1676. » — Tschirnhaus à Leibniz. » — Nous reproduisons en haut des pages, la pagination de la traduction latine ; Inquiſitio Veritatis…, imprimée en 1701 dans les Opuſcula poſthuma de Descartes, p. 67-90.
  2. MS. : poure (sic), pour pure.