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d'autres occupations, que nous pouvons suivre chaque mois et presque chaque semaine dans sa Correspondance ; on ne voit pas bien quel temps lui serait resté libre pour un autre ouvrage comme ce Dialogue, dont lui-même ne dit mot : on n'en relève aucune trace dans aucune de ses lettres.

D'autre part, le Dialoguç en question de'veloppe, sous une forme qui plaît davantage (c'est une remarque de Tschirnhaus, p. 5 14, note a), les mêmes idées que l'on retrouve dans les Principia Phi- lofophix, dans les Meditationes, enfin dans une partie du Difcours de la Méthode. Nous savons que, dans le Difcours, les raisons méta- physiques étaient exposées trop brièvement, de l'aveu de Descartes : ce fut à dessein, d'ailleurs, pour ne pas livrer au commun des esprits les arguments des sceptiques ou Pyrrhoniens. Dans les Meditationes, le philosophe se mit davantage à l'aise, ne craignant plus de développer ses raisons dans un livre latin, qui ne s'adressait qu'aux doctes. Enfin, dans les Pri>icipia, ouvrage didactique, des- tiné à répandre sa philosophie dans les écoles, il fait revêtir à ses idées la forme qui convenait à l'enseignement : il les distribue en articles, dont chacun porte un numéro, et qui ressemblent à autant de propositions ou de thèses, dont la rapide esquisse laisse encore place à un développement oral. C'est même la forme qu'il paraît avoir définitivement adoptée, et qu'il reprend, en effet, dans le Traité des PaJJions de l'âme, et peut-être aussi dans la Defcription du corps humain, ou Traité de la formation du fœtus, les derniers, semble-t-il, de ses ouvrages, et celui-ci d'ailleurs inachevé. Est-il vraisemblable qu'à cette date, préoccupé surtout de voir ses livres entre les mains de la jeunesse studieuse, il ait eu recours à une autre forme celle du Dialogue, laquelle ne pouvait guère lui attirer de lecteurs que parmi les gens du monde ? C'était là le ton qu'il employait dans ses jeunes années, jusqu'au Difcours de la Méthode, le ton qu'on retrouve dans la partie conservée de son Traité du Monde, ton naturel, aisé, enjoué même à l'occasion, d'un gentil- homme de lettres, qui n'a rien d'un pédant, mais rappelle plutôt le cavalier ou l'homme de cour. Tandis que sa pensée se resserre plus tard et se condense dans une langue toute philosophique, Descartes ici l'étalé complaisamment; it s'attarde volontiers en chemin, comme le remarque un des interlocuteurs, et ne se presse pas d'arriver au but : le titre même du Dialogue a des longueurs, comme celui qu'il avait d'abord choisi pour sa publication de 1637, t.'I, p. SSg, 1. 18-25, ou cet autre, resté à l'état de projet, d'un ouvrage de mathématique, dans sa prime jeunesse, p. 214 ci-avant, 1. 9-19.

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