Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au sujet de l’habitude que Deſcartes avait des armes, rappelons enfin cette aventure, qui remonte à son séjour de Paris, 1625-1628. Baillet la raconte d’après une relation MS. du P. Poisson, qu’il cite même textuellement :

« Madame du Roſay, qui ſe faiſoit honneur d’avoir été la ſeule qu’il eût recherchée, étoit toujours fort curieuſe de raconter dans toutes les bonnes compagnies une aventure, où ſon ſervifeur, qui n’étoit encore qu’un jeune cavalier, s’étoit ſignalé pour l’amour d’elle. Elle pretendoit que [En marge : Poiſſ. ibid.] Monſieur Deſcartes, retournant un jour de Paris, où il l’avoit accompagnée avec d’autres Dames, avoit été attaqué par un Rival ſur le chemin d’Orléans, & que, l’ayant déſarmé, il luy rendit ſon épée, diſant, qu’il devoit la vie à cette Dame pour laquelle il venoit d’expoſer luy même la ſienne. Hors ce trait de bravoure, qui pourra ſervir à ceux qui voudront faire ſon Roman pour le traiter en Paladin, nous ne trouvons rien, dans tout le reſte, qui ait eu aucun air de galanterie, ou qui ait pû faire juger que l’on penchant fût tourné ailleurs que vers la Philoſophie. »

(A. Baillet, La Vie de Monſieur Des-Cartes, 1691, t. II, p. 501.)