Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/126

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tendait démontrer, pour les lentilles des lunettes, l’excellence de l’hyperbole : c’était même là une de ses découvertes, dont il était en possession dès 1626[1]. Et comme elle n’intéressait pas seulement la théorie pure, mais qu’elle était susceptible d’application pratique, il en fit part à un ouvrier habile dans la taille des verres, Ferrier, capable de construire sous sa direction des instruments perfectionnés[2] ; plus tard, il voudra même attirer Ferrier auprès de lui, en Hollande, afin de le faire travailler sous ses yeux[3]. Il entra de même en relations avec un ingénieur, qui devint de ses amis, Etienne de Villebressieu : ils exécutèrent ensemble des expériences d’optique, qui étaient plutôt des curiosités amusantes, bien que fondées sur des raisons scientifiques[4]. Outre ses expériences sur la réfraction, faites de concert avec Mydorge[5], il communiqua à celui-ci ses solutions nouvelles des vieux problèmes à l’ordre du jour entre mathématiciens : duplication du cube et trisection de l’angle[6]. Enfin un professeur du Collège de France, astronome (d’ailleurs adversaire de Copernic) et aussi astrologue, dans l’ancien sens du mot, Jean-Baptiste Morin, se vanta plus tard d’avoir deviné Descartes[7] : il le connut donc personnellement, de 1626 à 1628.

  1. Tome I, p. 163, 326 et 328.
  2. Dans une lettre à Dupuy, du 8 janvier 1628, Peiresc rappelle, entre autres instruments laissés par Alleaume à sa mort, « ſurtout l’inſtrument que luy avoit faict Ferrier pour deſcrire la ligne neceſſaire à la convexité deſdictes lunettes & miroirs convexes, & les verres & miroirs qu’il en avoit eſſayez. Il fauldroit », ajoute-t-il, « que cela paſſaſt par les mains de Mr Midorge, threſorier de France, qui demeure prez la place Royale, en un cul de ſac venant de la rue St Antoine. Lequel ſeul je cognois, en ce païs là, plus approchant de la curioſité de feu Mr Alleaume & de ſa doctrine & prattique aux mathematiques & mechaniques. » (Lettres de Peiresc, Impr. Nat., 1888, t. I, p. 478-9.)
  3. Tome I, p. 13-16.
  4. Ibid., p. 211-212.
  5. Tome I, p. 175, l. 3-11 ; p. 252, l. 23-25 ; et p. 256, l. 3-15. Lettres du 4 nov. 1630, du 10 mai et de juin 1632. Voir aussi t. X, p. 651-652.
  6. Ibid., p. 239 : lettre du 2 févr. 1632.
  7. Ibid., p. 537.