Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/194

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De quoi parlait-il encore ? De choses qui intéressaient à la fois les curieux et les savants : comme les vents, dont la connaissance est si nécessaire à la navigation ; les montagnes et les mers, c’est-à-dire les parties soulevées ou abaissées de notre globe ; et à la surface de la Terre, les rivières avec les sources ou les fontaines ; le sol aussi et le sous-sol, avec les métaux dans les mines et les plantes dans les campagnes ; enfin il terminait par le feu, cette belle invention de l’homme, et l’un des principaux effets du feu, la production ou fabrication du verre. Nous retrouverons ces mêmes questions traitées en latin dans les Principia de 1644 ; mais rien n’en a été conservé dans la rédaction de 1632, et nous ne savons qu’elles s’y trouvaient déjà, que par les indications du Discours de la Méthode en 1637[1].

Ce Traité de la Lumière, qui est la première partie du Monde, est suivie d’une seconde partie, qui peut s’intituler Traité de l’Homme. Ici encore, Descartes aurait bien voulu procéder géométriquement, c’est-à-dire « en démontrant les effets par les causes » ; mais il eût pour cela fallu, dans le cas particulier, déduire de la semence ou du germe tous les organes, et expliquer ainsi la formation de l’animal. Il y renonça vite, en 1632, faute d’expériences suffisantes ; il se réservait d’ailleurs d’y revenir plus tard[2]. Pour le moment, comme il ne peut encore résoudre le problème, il le suppose résolu. Entendons par là qu’il considère le corps humain tel qu’il est et tout formé déjà ; ou plutôt, fidèle à la méthode qu’il a suivie pour le monde inanimé, il considère d’abord une machine semblable à l’animal au dedans comme au dehors ; il démonte cette machine, en étudie les ressorts et les rouages, les fait jouer sous nos yeux ; puis, revenant comme tout à l’heure à la réalité, c’est-à-dire à l’animal ou à l’homme actuel, il montre que les choses s’y passent de semblable façon, et comportent par conséquent une explication semblable. Si l’on

  1. Tome VI, p. 44, l. 11, à p. 45, l. 3. Et toujours t. XI, p. 704.
  2. Tome XI, p. 702.