Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/198

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comme les vaisseaux qui apportent et qui remportent ces esprits ; et à l’entrée des nerfs dans les muscles se trouvent aussi de petites portes ou valvules, qui s’ouvrent et se ferment tour à tour. Descartes insiste sur cette hypothèse des valvules dans les nerfs, aussi bien que dans les vaisseaux du sang[1]. Or les muscles sont deux par deux, et qui s’opposent : lorsque les esprits animaux viennent en remplir un, il se gonfle et se raccourcit, et tire à lui le membre ou l’organe, que laisse aller le muscle antagoniste, vidé au même moment d’esprits animaux, et par conséquent dégonflé et relâché ; l’inverse se produit ensuite. Descartes pense expliquer ainsi les mouvements alternatifs des muscles de l’œil, donnés en exemple, ainsi que des muscles qui servent à respirer, à avaler, etc.[2]. Il tenait beaucoup à son explication, qui lui donnait comme le schéma de tous les mouvements du corps. Aussi ne la communiquait-il pas volontiers, de peur qu’on ne la lui dérobât ; et plus tard il ne pardonnera pas à son ami Regius de s’en être emparé, et surtout d’en avoir omis l’essentiel, pour ne l’avoir pas compris sans doute : à savoir ces petites valvules qu’il suppose dans les nerfs, et qui empêchent le retour des esprits animaux par les mêmes conduits ; comme, à l’entrée du cœur, des valvules s’opposent au retour du sang en arrière dans la veine cave et dans l’artère veineuse. Regius divulguera cette explication en 1646, et Descartes l’avait notée par écrit, dira-t-il, environ treize ans plus tôt, ce qui nous reporte bien à 1633 ou 1632[3].

Il n’en parle pas expressément, dans une lettre de la fin de cette année, où il indique les chapitres de son Traité de l’Homme[4]. Mais il parle des cinq sens ; et en effet, après avoir expliqué en général le mouvement des muscles, il étudie successivement le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue[5].

  1. Tome XI, p. 200, l. 29, à p. 201, l. 6.
  2. Ibid., p. 132, l. 2, à p. 141, l. 6.
  3. Ibid., p. 673, 675, 681-683 : Descartes et Regius.
  4. Tome I, p. 263, l. 3-6.
  5. Tome XI, p. 142, l. 22, à p. 160, l. 26.