Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/202

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« instrument universel[1] ». Magnifique expression du philosophe, et magnifique idée qu’il se faisait ainsi de l’âme raisonnable. Il aurait étudie l’âme en elle-même, comme il avait fait aussi le corps, et déjà l’union des deux ; et cette étude eût complété le Monde, que nous aurions ainsi en entier. Avait-il rédigé quelque chose déjà sur cette dernière partie si importante ? Oui, si l’on s’en rapporte au résumé du Discours de la Méthode en 1637[2]. Et pourtant, le doute subsiste, si l’on songe que, sur la fin de 1632, il n’en était encore qu’à cette partie du Monde, que nous avons vue : étude du corps humain et de ses fonctions à l’extérieur et à l’intérieur. L’année suivante 1633 est celle de la condamnation de Galilée, qui l’arrêta court dans son projet de publier. Aurait-il eu le temps, ces quelques mois de 1633, de construire jusqu’à la fin l’œuvre qu’il avait entreprise ?

En tout cas, rien de ce qui se rapportait à l’âme humaine ne nous a été conservé. La dernière page que nous ayons[3], marque un temps d’arrêt ou de repos, où le philosophe jette un regard en arrière sur le chemin parcouru : monde des plantes et monde des animaux, monde physique, monde astronomique. Comme dans un panorama grandiose se déroulait sous ses yeux toute une cosmogonie.

  1. Tome VI, p. 57, l. 8-9.
  2. Ibid., p. 59, l. 8. — D’autre part, Golius écrivait à Huygens ceci, à la date du 1er  nov. 1632, en parlant de la Physique de Descartes : « Opus autem quod molitur, ad humanæ animæ, cujus originem à Deo petit, philoſophiam nunc perductum, extremam expectat manum : erit autem breve & preſſum, ut attentionem & in philoſophando diligentiam majorem excitet. (Revue de Métaphysique et de Morale, juillet 1896, p. 495.) — Enfin, Descartes écrivit à Mersenne, le 22 juillet 1633 : « Mon Traité eſt preſque acheué ; mais il me reſte encore à le corriger & à le decrire (lire plutôt recrire ?) » (Tome I, p. 268, l. 13-14.)
  3. Tome XI, p. 200, l. 14, à p. 202, l. 25.