Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/21

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elle on remontait à la première, contemporaine du philosophe ; Baillet eut entre les mains des mémoires laissés par des hommes qui avaient connu celui-ci personnellement : Clerselier, Chanut, Mydorge, Hardy, Le Vasseur, etc. Il écrivit à quelques rares survivants, un M. de la Barre, à Tours, et Adrien Auzout, à Rome, celui-ci bien près de sa mort, en 1691[1]. Baillet fit écrire aussi en Hollande, où vivait toujours Jean de Raey, qui surveilla, avec Schooten, l’édition latine donnée à Amsterdam. Raey, pour toute réponse, se contenta de dire que la vie de Descartes était la chose la plus simple du monde, res simplicissima, et les Français feraient mieux de n’y pas toucher : ils la gâteraient, Galli eam corrumperent ! Nous avons cependant les souvenirs personnels de Jean de Raey sur Descartes : il les avait confiés, une quarantaine d’années plus tôt, à un jeune indiscret, et on les avait mis à profit, en oubliant de nommer l’auteur : d’où la réponse maussade de 1690[2]. Cet oubli avait été commis par un Allemand de Lubeck, Daniel Lipstorp, qui publia en 1653 une vie de Descartes. Baillet ne manqua pas de puiser abondamment à cette source, simple abrégé d’ailleurs de vingt-cinq

  1. Baillet, loc. cit., p. xlvii-xlviii.
  2. Ces particularités nous sont connues par Baillet, qui les emprunte lui-même à une « Lettre de M. Van Limborch, du 15 avril 1690 : M. de Raey avait un diſciple, nommé M. Van-Berhel, jeune homme de beaucoup d’eſprit & de grande capacité, à qui il avoit donné divers petits mémoires curieux. M. Lipſtorpius, ayant reçu de M. Van-Berhel quelques-uns de ces mémoires qui regardoient M. Deſcartes, les avoit donnez de bonne foy au Public, ſans examiner s’il avoit beſoin du conſentement de M. de Raey, ou s’il devoit les autoriſer de ſon nom. » (Baillet, loc. cit., Préface, p. xiv-xv ; et pour la réponse de Raey. p. xxix-xxx.)