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}22 Vie de Descartes.

de Dieu. Le philosophe est bien forcé, pour exposer ses idées de les produire l'une après l'autre, séparément, de les détacher ainsi, sauf à montrer aussitôt le lien qui les rattache entre elles et fait de toutes un ensemble. Mais l'apparence de connaissance discursive qu'il leur donne d'abord, ne doit pas nous tromper sur leur caractère vrai : ce sont des intui- tions; et bien mieux, toutes ne sont qu'une seule et même intuition.

Quant à l'essence et à l'existence des choses matérielles, qui est le but final de Descartes dans ses Méditations % comme préparation à sa physique, nous ne nous y arrêterons pas en ce moment. Étendue, figure et mouvement, ce sont là les condi- tions nécessaires et suflisantes de notre connaissance à cet égard, et aussi les conditions de l'existence des choses maté- rielles. Cela seul est clair et distinct, et peut offrir une matière à la science. Nous pouvons là-dessus nous fier à nos idées ; Dieu, de qui elles nous viennent, étant l'Etre parfait, ne peut pas nous avoir trompés. Cependant il y avait telle conséquence, que Descartes acceptait résolument, et devant laquelle reculaient bon nombre de ses contemporains : à savoir l'inutilité, dans ces conditions, d'une âme, même sensitive et végétative, chez les bêtes, où tout devait s'expliquer par res- sorts et par mouvements, comme dans une simple machine. Si dans l'homme même tant d'opérations s'accomplissent sans que l'âme y ait la moindre part, à plus forte raison dans l'animal. Gassend proteste et raconte des histoires toujours amusantes de chien, notamment à la chasse; Arnauld lui- même hésite d'abord : l'exemple du loup et de la brebis qui en a peur, l'embarrasse '^^. Descartes n'en maintient pas moins fortement sa thèse. L'automatisme des bêtes, comme on dira, n'est pas seulement pour lui une méthode pour mieux

a. Médit. VI. Tome VII, p. 71-90; et t. IX, p. 57-72.

b. Tome VII, p. 268.

c. Ibid., p. 204, 1. 29, à p. 2o5, 1. 12; en particulier, p. 20? 1.7-12.

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