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Vie de Descartes.

On voit encore en cette ville la maison paternelle de Descartes, celle qu’habita son père, son grand-père et peut-être aussi quelque temps son frère aîné[1]. La famille se disait noble, de petite noblesse, il est vrai, et du dernier degré : du côté maternel, l’aïeul et le bisaïeul, René et Aymé Brochard, prenaient le titre d’écuyer ; son père Joachim des Cartes se disait aussi écuyer, et même son grand-père le médecin Pierre Descartes[2]. Celui-ci avait revendiqué, en 1547, le privilège essentiel de la noblesse, l’exemption des tailles. Et plus tard notre philosophe sera traité de gentilhomme en Hollande par son compatriote, l’érudit Saumaise, et par un personnage officiel, tel que Constantin Huygens[3] ; de même aussi quelque-

  1. Lorsque celui-ci se maria, à Kerleau, paroisse d’Elven, le 26 sept. 1624, il est encore désigné, bien que déjà conseiller au Parlement de Rennes, comme étant « de la paroisse de Saint-Jean-Baptiste, en la ville » de Châtellerault, diocèse de Poitiers ». (Ropartz, p. 67.) — De là peut-être cette assertion de Pierre Borel sur Descartes, Vitæ Cartesii Compendium, 1656, p. 2 : « Magnus ille vir vitales auras haurire incepit inter Pictonum & Armoricorum in Galliâ gentem in vrbe Castrum Eraldium dictâ. »
  2. Barbier, loc. cit., 1901, p. 554 : « Contractz de mariage de maître » Pierre Desquartes, écuyer, avec ma fille Claude Ferrand. » (Annotation du beau-père, Jean Ferrand, à l’acte de fiançailles du 3 oct. 1543.) — D’autre part, on lit dans Baillet, t. I, p. 4 : « Un Médecin de Châtelleraut en Poitou, nommé Pierre Descartes, du temps de François I, » soutint un procès à la Cour des Aydes de Paris, contre les Élus de cette Ville, qui prétendaient le mettre à la taille. Il fut rétabli par la Cour » dans tous les droits de sa Noblesse, après avoir fidèlement representé sa généalogie par générations non interrompues jusqu’au Roy Charles » Cinquième. [En marge : Registre de la Cour des Aydes du 4 Septembre » 1547, avec les pièces originaires du procès.] » Par malheur, ce registre n’existe plus aux Archives nationales, et le récit de Baillet ne peut pas être contrôlé. — Quant à Joachim Descartes, il est qualifié d’écuyer au moins une fois, dans un acte du 7 oct. 1619 : Barbier, loc. cit., p. 641.
  3. Tome X, p. 555, pour Saumaise ; et pour Huygens, t. III, p. 677, 1. 29. René Descartes, d’ailleurs, était déjà qualifié d’écuyer, dans un acte de baptême à Elven, du 22 janv. 1628. Et son frère aîné, Pierre, a la même, qualification, dans des actes de baptême et autres, 20 nov. 1616, 7 oct. 1619, par ex. : Grandmaison, Bibl. École des Chartes, 1899, p. 453, et Barbier, loc. cit., p. 641.