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Princesse Elisabeth. 427

devait terminer cette longue guerre de Trente Ans, rétablis- sait enfin la maison palatine dans ses biens et dignités, non pas entièrement toutefois. Le prince héritier ne recouvrait pas son titre héréditaire d'électeur palatin, transféré depuis 1623 au duc de Bavière ; mais un électoral nouveau était créé en sa faveur. Surtout il ne recouvrait que la moitié de ses États, à savoir le Bas-Palatinat sur le Rhin ; l'autre moitié, le Haut- Palatinat demeurait également annexé à la Bavière. On fut quelque temps perplexe à la cour de la reine de Bohême : celle-ci, et surtout son fils aîné, Charles-Louis, hésitaient à accepter. Elisabeth, qui était toujours à Berlin, paraît avoir eu la même hésitation ; on la consultait donc, et elle donnait son avis ; elle demanda même l'avis de Descartes, puisque celui-ci le donne tout au long et avec force raisons à l'appui \ Pour notre philosophe, que n'embarrasse pas le point d'honneur d'une famille royale qui a régné, il n'y a pas à hésiter : on doit accep- ter ce qui est offert ; la moindre partie d'un pays tel que le Palatinat (et Descartes le connaissait un peu, pour l'avoir tra- versé en 1619) vaut mieux, assure-t-il, que tout l'empire des Moscovites. Et il parle même de s'y retirer un jour auprès de la princesse Elisabeth ; il se considère déjà comme de sa maison, comme « son domestique » , dit-il, employant ce tefme au sens qu'il avait en ce temps-là auprès des grands, titre d'hon- neur plutôt que marque de servitude.

L'autre occasion fut la mort tragique de Charles 1", roi d'Angleterre, décapité à Londres le 9 février 1649. C'était l'oncle maternel d'Elisabeth. Descartes écrivit donc à la prin- cesse une lettre de consolation", lettre qui n'a, certes, rien de banal, et telle qu'un philosophe seul pouvait avoir l'idée de l'écrire à un esprit qu'il croit aussi philosophe que le sien.

a. Tome V, p. 284, 1. 3, à p. 285, I. 2') ; lettre du 22 févr. 1649. Voir aussi p 286-289. Descartes connaissait le Palatinat : voir ci-avant, p. 46-47 et p. 61-62.

b. Ibid., p. 33 1,1. 4-6 : du 3 1 mars 1649.

c. Ibid., p. 281-283 : même lettre du 22 févr. 1649. Voir aussi, p. 285- 286, plusieurs lettres de Brassât.

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