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Voyages en France. 4J7

physica. Le volume parut à Amsterdam, chez Jean Blaeu, sur la fin de février 1644*, ^t Sorbière était bien aise, afin d'en informer Gassend, d'apprendre de la bouche même de Des- cartes, si celui-ci comptait y répondre.

Il prit sans doute des notes, en reporter qui sait son métier, et reproduisit leur entretien de La Haye dans une lettre à Gassend, du 10 mai 1644. Rassuré sur les intentions de Descartes, qui déclare qu'il ne répondra pas à la Disquisitio, Sorbière lui propose, de la part de Gassend, les difficultés que soulève sa définition de la matière par l'étendue. Gassend pensait, comme Descartes, que la matière a pour propriété l'étendue; mais il n'admettait pas pour cela que l'étendue fût toute la matière : il distinguait l'étendue des géomètres et l'étendue des physiciens, c'est-à-dire d'une part le vide, selon Epicure, et d'autre part les atomes. Supposons, disait-il, et c'était là sa grande objection, que toute la matière contenue dans une chambre soit supprimée, cette chambre subsistera, mais vide. Non pas, répond Descartes à Sorbière; mais il n'y aura plus de chambre, et les murs se toucheront =. De même les parois d'un tonneau, si tout ce qu'il contient est enlevé. Là-dessus il demeurait ferme comme roc; car c'était là une pierre angulaire de son édifice, ou même la clé de voûte de tout son système. Il y reviendra plus tard dans une lettre à Clerselier, du 12 janvier 1646, précisément en réponse (si tant est que ce soit une réponse, écourtée comme elle est) à la Dis- quisitio. Pour lui, c'est l'évidence même. L'étendue n'est pas le néant; avec ses trois dimensions elle est bien quelque chose: et que pourrait-elle être, sinon la matière elle-même ? Cette thèse (et la métaphysique de Descartes n'a pas d'autre fin que de l'établir.) était la condition première de la science de la nature; telle qu'il la concevait : à savoir toute la physique

a. Tome VII, p. 391-412.

b. Tome IV, p. loS-i 10 : lettres du 18 et du 3o avril, du 10 mai 1644.

c. Voir déjà t. II, p. 482, 1. 7-1 1 : lettre du 9 janvier lôBg. Et aussi Principia, t. VIII, p. 5o, 1. 20-29.

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