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Descartes », comme marraine, à maintes reprises, de 1598 jusqu’en 1609[1]. Il est donc à peu près sûr que Descartes enfant grandit avec son frère et sa sœur. Celle-ci étant son aînée de trois ou quatre ans peut-être, c’en était assez pour qu’elle jouât à la petite maman avec le petit frère, et le philosophe ne l’oublia jamais : plus tard, il témoignait un intérêt particulier au fils de Jeanne, « son neveu de Crévy[2] » ; et plus tard encore, faisant allusion à la perte presque simultanée de deux personnes qui lui étaient très proches, il parle en termes discrets du « déplaisir » qu’il en ressentit[3]  : l’une de ces deux personnes était certainement son père, et l’autre probablement sa sœur.

Que dire maintenant de cette première enfance passée à La Haye ? Descartes n’en a guère parlé dans ses lettres, qu’une ou deux fois seulement. Ici, c’est un remède qu’il a vu employer avec succès dans son pays, pour guérir les enfants en bas âge, et qu’il indique à la princesse Élisabeth incommodée un jour « d’apostèmes aux doigts[4]  ». Là, c’est une confidence plus intime, faite à son ami Chanut, d’une inclination qu’il avait eue tout jeune pour une fillette qui louchait : longtemps

  1. Grandmaison, ibid., p. 452 ; 26 déc. 1598, — 15 déc. 1599, — 12 avril 1600, — 19 août 1603, — 6 févr. et 13 nov. 1604, — 6 sept. 1605, — 13 mars 1606, — 3 juin 1609.
  2. Tome I, p. 468 : octobre 1637. T. II, p. 596, l. 5-10 : lettre du 16 oct. 1639. T. IV, p. 528, l. 2-3 : lettre du 12 oct. 1646. François Rogier, sieur du Crévy, fur baptisé à La Chapelle, près de Ploërmel, le 1er août 1622, et mourut au plus tard en 1662. Il devint conseiller au Parlement de Rennes : lettres de provision, 24 mars 1649 ; réception, 14 mai suivant. Il épousa, le 26 nov. 1650, Renée Foucault, fille d’un maître des comptes de Bretagne. Sa veuve vendit son office, par contrat du 19 août 1663, au prix de 135.000 livres. (Saulnier, t. I, p. 769.)
  3. Tome III, p. 278, 1. 10, à p. 279, 1. 3 : lettre de janvier 1641. Son père mourut en octobre 1640. Quant à l’autre personne, on peut hésiter entre la petite fille qu’il venait de perdre à l’âge de cinq ans, Francine, morte à Amersfort le 7 sept. 1640, et sa sœur Jeanne, dame du Crévy ; celle-ci mourut cette même année 1640, mais nous n’avons pas la date du décès. (Tome IV, p. 373.)
  4. Tome IV, p. 579, 1. 17-19, et p. 589, 1. 10-19.