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Descartes en Suède. ^49

projet, à supposer qu'on y pensât pour Descartes, n'eut pas le temps de se réaliser.

La reine avait enfin pris jour pour se faire expliquer par Descartes lui-même sa philosophie : elle lui donnait rendez- vous dans son cabinet d'étude, trois fois par semaine, à cinq heures du matin'. Christine, avec sa jeunesse et sa belle santé, supportait sans peine cette heure matinale, hiver comme été ; encore Chanut ne l'approuvait-il pas en cela, et souhaitait fort que le mariage vînt bientôt y mettre ordre. Mais notre philo- sophe n'était plus d'âge à affronter ainsi, bien avant le jour, la gelée et la neige au dehors, lui surtout si frileux et qui jamais

» n'importoit point à la Suéde. | Ledit fieur du Rier, auec lequel j'cntre- » tiens intelligence, n'a point tant déféré au zèle de fa religion, qu'il ne » m'ait defcouuert qu'il auoit charge de faire voir fa lettre à la Reine, & » d'aider à luy faire prendre refolution de tenir ferme. Il ne fe peufl dif- » penfer du premier: pour le fécond, ie l'ay prié de ne s'en point mcflcr, » & iufques icy j'ay plus fuiet de croire qu'il eft plus françois qu'hugue- » not. M (Bibl. Nat., MS. fr. 17963, p. 3j3 v. à p. 374 r.j

Descartes possédait, dit BoTe[,Jîx à fept mille livres de rente, prove- nant d'héritages. Baillet, cependant, fait le compte de ces héritages et n'arrive pas à pareille somme, « à moins (dit-il) que d'y joindre une pen- » don viagère de huit cent livres, qu'il s'étoit fait créer en Hollande, par » un contrat en parchemin, écrit en Flamand, & fccUé du grand l'ccau do » la Province de Hollande, dont on ne nous a point appris la date ». (Baillet, loc. cit., t. H, p. 460-461.) Baillet raconte aussi, d'après Sor- niÈRE, Lettres & Difcours, p. 68 1 , que Descartes avait placé de l'argent à la banque d'Amsterdam, et que cette banque lui produisait deux mille livres de rente. (Page 460.) Voir ci-avant, pp. 14, 42-43 et 434-435, notes.

a. Sur cette heure si matinale, surtout en plein janvier, nous avons le témoignage de Chanut, dans une lettre oflicielle à M. de Brienne, écrite le 12 février i65o, c'est-à-dire au lendemain du décùs : t. V, p. 470-471. Peut-être Chanut fut-il plus aflirmatif encore dans une lettre à l'abbé Picot, écrite le jour même, 1 1 févr., et que nous n'avons plus : Baillet en parle dans sa relation, p. 492 de notre t. "V.

b. Chanut écrivait, assez gaillardement, à « M. le Prince Charles » -Palatin » (dont on parlait comme du futur mari de Chriltine de Suède), le i3 mars 1649: a ...La Reine a elle trauaillée pendant quinze iours » d'vn rhume, qui luy caufoit vne toux incommode. Maintenant elle s'en i> porte bien, grâces à Dieu. l'ay fceu que fes Médecins l'ont aduertie » qu'elle prilt plus de foin de fa fanté, & que pour cela elle deuoit moins » trauailler fon efprit dans l'eflude. le peux iurer h voflre Altelle que ie

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