Page:Descartes - L’Homme, éd. 1664.djvu/9

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solu les passions, que nonobstant qu'il ait tous les sujets qui ont coutume de les entretenir & de les faire naistre dans les autres, rien n'est capable de l'éloigner de la verité & de la justice, & de le détourner de la regle que luy prescrit la droite raison. C'est un témoignage qui ie suis obligé de rendre à la verité, & tout ensemble à vostre vertu, qui apprendra à tous ceux qui liront ce Livre (lesquels comme i'espère ne feront pas en petit nombre, ny compris dans les seules limites de ce Royaume) que nous avons en vous un Ministre aussi sage que modéré, qui veille à tout pour y mettre ordre, qui se défie de tout pour s'en instruire, et qui fait justice à tout pour s'acquitter de son devoir, Un Ministre, dis-ie, lequel n'ayant commencé à paroistre, que dans un temps où tout sembloit estre sur le penchant de sa ruine, par la licence & la profusion qui regnoit par tout, est venu, comme une forte digue, s'opposer luy seul au torrent des desordres qui inondoient la France, & par le frein qu'il a mis à toutes choses, les a heureusement remises dans l'ordre où elles doivent estre. Ce détail des affaires, qui n'étonne point vostre grande Ame, qui vous en fait percer les tenebres, penetrer l'origine, & connoistre iusques aux moindres circonstances, a du raport à cette exactitude avec laquelle nostre Philosophe observe & examine les plus petites parties de chaque chose, pour en découvrir les proprietez : Et comme c'est ce qui l'empesche de se tromper; Aussi, MONSEIGNEUR, les plus éclairez s’aperçoivent que vostre Maxime est in-