Page:Descartes - L’Homme, éd. 1664.djvu/76

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quises pour faire qu'elle marche, qu'elle mange, qu'elle respire, & enfin qu'elle imite toutes celles de nos fonctions qui peuvent estre imaginées proceder de la matiere, & ne dependre que de la disposition des organes. Nous voyons des horloges, des fontaines artificielles, des moulins, & autres semblables machines, qui n'étant faites que par des hommes ne laissent pas d'avoir la force de se mouvoir d'elles-mesmes en plusieurs diverses façons ; Et il me semble que ie ne sçaurois imaginer tant de sortes de mouvements en celle-cy, que ie suppose estre faite des mains de Dieu, ny luy attribuer tant d'artifice, que vous n'ayez sujet de penser qu'il y en peut avoir encore davantage. Or ie ne m'arresteray pas à vous décrire les os, les nerfs, les muscles, les venes, les arteres, l'estomac, le foye, la rate, le coeur, le cerveau, ny toutes les autres diverses piece dont elle doit estre composée ; car ie les suppose du tout semblables aux parties de nostre Corps qui ont les mesmes noms, & que vous pouvez vous faire monstrer par quelque sçavant Anatomiste, au moins celles qui sont assez grosses pour estre veües, si vous ne les connoissez desia assez suffisamment de vous mesme: Et pour celles qui à cause de leur petitesse sont inuistbles, ie vous les pourray plus facilement & plus clairement faire connoistre, en vous parlant des mouvements qui en dependent ; Si bien qu'il est seulement icy besoin que i'explique par ordre ces mouvemens, & que ie vous die par mesme moyen qu'elles sont celles de nos fonctions qu'ils representent. Premierement les viandes se digerent dans l'estomac