Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/174

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de ; & pendant qu’elle n’en a aucune joie, on peut dire qu’elle n’en jouit pas plus que ſi elle ne les poſſédoit point. J’ajoute auſſi que c’eſt du bien que les impreſſions du cerveau luy repréſentent comme ſien, afin de ne pas confondre cette joie, qui eſt une paſſion, avec la joie purement intellectuelle, qui vient en l’ame par la ſeule action de l’ame, & qu’on peut dire eſtre une agréable émotion excitée en elle-meſme, par elle-meſme, en laquelle conſiſte la jouiſſance qu’elle a du bien que ſon entendement luy repréſente comme ſien. Il eſt vrai que pendant que l’ame eſt jointe au corps, cette joie intellectuelle ne peut guère manquer d’eſtre accompagnée de celle qui eſt une paſſion ; car, ſitoſt que noſtre entendement s’aperçoit que nous poſſédons quelque bien, encore que ce bien puiſſe eſtre ſi différent de tout ce qui appartient au