Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/178

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des hommes ne les diſtinguent point. Toutefois, ils diffèrent ſi fort qu’on peut quelquefois ſouffrir des douleurs avec joie, & recevoir des chatouillements qui déplaiſent. Mais la cauſe qui foit que pour l’ordinaire la joie ſuit du chatouillement eſt que tout ce qu’on nomme chatouillement ou ſentiment agréable conſiſte en ce que les objets des ſens excitent quelque mouvement dans les nerfs qui ſeroit capable de leur nuire s’ils n’avaient pas aſſez de force pour luy réſiſter ou que le corps ne fût pas bien diſpoſé. Ce qui foit une impreſſion dans le cerveau, laquelle étant inſtituée de la nature pour témoigner cette bonne diſpoſition & cette force, la repréſente à l’ame comme un bien qui luy appartient, en tant qu’elle eſt unie avec le corps, & ainſi excite en elle la joie. C’eſt preſque la meſme raiſon qui foit qu’on