Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prend naturellement plaiſir à ſe ſentir émouvoir à toutes ſortes de paſſions, meſme à la triſteſſe & à la haine, lors que ces paſſions ne ſont cauſées que par les aventures étranges qu’on voit repréſenter ſur un théatre, ou par d’autres pareils ſujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, ſemblent chatouiller noſtre ame en la touchant. Et la cauſe qui foit que la douleur produit ordinairement la triſteſſe eſt que le ſentiment qu’on nomme douleur vient toujours de quelque action ſi violente qu’elle offenſe les nerfs ; en ſorte qu’étant inſtitué de la nature pour ſignifier à l’ame le dommage que reçoit le corps par cette action, & ſa faibleſſe en ce qu’il ne luy a pu réſiſter, il luy repréſente l’un & l’autre comme des maux qui luy ſont toujours déſagréables, excepté lorſqu’ils cauſent quelques biens qu’elle eſtime plus qu’eux.

Art. 95.