Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/252

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de voir reſſuſcitée, il ſe peut faire que ſon cœur eſt ſerré par la triſteſſe que l’appareil des funérailles & l’abſence d’une perſonne à la converſation de laquelle il étoit accoutumé excitent en luy ; & il ſe peut faire que quelques reſtes d’amour ou de pitié qui ſe préſentent à ſon imagination tirent de véritables larmes de ſes yeux, nonobſtant qu’il ſente cependant une joie ſecrète dans le plus intérieur de ſon ame, l’émotion de laquelle a tant de pouvoir que la triſteſſe & les larmes qui l’accompagnent ne peuvent rien diminuer de ſa force. Et lors que nous liſons des aventures étranges dans un livre, ou que nous les voyons repréſenter ſur un théatre, cela excite quelquefois en nous la triſteſſe, quelquefois la joie, ou l’amour, ou la haine, & généralement toutes les paſſions, ſelon la diverſité des objets qui s’offrent à noſtre