Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/270

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pas tant avec la paſſion que foit le vice. Toutefois je ne vois point de raiſon qui empeſche que le meſme mouvement des eſprits qui ſert à fortifier une penſée lorſqu’elle a un fondement qui eſt mauvais, ne la puiſſe auſſi fortifier lorſqu’elle en a un qui eſt juſte ; & parce que l’orgueil & la généroſité ne conſiſtent qu’en la bonne opinion qu’on a de ſoy-meſme, & ne diffèrent qu’en ce que cette opinion eſt injuſte en l’un & juſte en l’autre, il me ſemble qu’on les peut rapporter à une meſme paſſion, laquelle eſt excitée par un mouvement compoſé de ceux de l’admiration, de la joie & de l’amour, tant de celle qu’on a pour ſoy que de celle qu’on a pour la choſe qui foit qu’on s’eſtime : comme, au contraire, le mouvement qui excite l’humilité, ſoyt vertueuſe, ſoyt vicyeuſe, eſt compoſé de ceux de l’admiration, de la triſteſſe, & de l’amour