Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/271

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qu’on a pour ſoy-meſme, meſlée avec la haine qu’on a pour les défauts, qui font qu’on ſe mépriſe. Et toute la différence que je remarque en ces mouvemens eſt que celuy de l’admiration a deux propriétez : la première, que la ſurpriſe le rend fort dès ſon commencement ; & l’autre, qu’il eſt égal en ſa continuation, c’eſt-à-dire que les eſprits continuent à ſe mouvoir d’une meſme teneur dans le cerveau. Deſquelles propriétez la première ſe rencontre bien plus en l’orgueil & en la baſſeſſe qu’en la généroſité & en l’humilité vertueuſe ; & au contraire, la dernière ſe remarque mieux en celles-ci qu’aux deux autres. Dont la raiſon eſt que le vice vient ordinairement de l’ignorance, & que ce ſont ceux qui ſe connaiſſent le moins qui ſont les plus ſujets à s’enorgueillir & à s’humilier plus