Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/291

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alors pour le corps, en ce que, retardant le mouvement des eſprits, elle empeſche qu’on ne diſſipe ſes forces. Mais ordinairement elle eſt tres-nuiſible, à cauſe qu’elle détourne la volonté des actions utiles. Et parce qu’elle ne vient que de ce qu’on n’a pas aſſez d’eſpérance ou de déſir, il ne faut qu’augmenter en ſoy ces deux paſſions pour la corriger.

Art. 176. De l’uſage de la peur.

Pour ce qui eſt de la peur ou de l’épouvante, je ne vois point qu’elle puiſſe jamais eſtre louable ni utile ; auſſi n’eſt-ce pas une paſſion particulière, c’eſt ſeulement un excès de lacheté, d’étonnement & de crainte, lequel eſt toujours vicyeux, ainſi que la hardieſſe eſt un excès de courage qui eſt toujours bon, pourvu que la fin qu’on ſe propoſe ſoyt