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LA JEUNE FILLE

Ton souvenir adoucit la tristesse de ma position. Qu’elle ne t’occupe pas trop, elle ne peut durer, et j’ai autant de courage qu’il en faut pour supporter un malheur qui ne penl être que passager. Mais ayant quitté Paris depuis plusieurs années, c’est avec bien de la peine que je parviens à y retrouver une place. Enfin, ce moment approche, je l’espère, où ma persévérance sera récompensée… Mais en reprenant le théâtre, je renonce à chanter. Ma santé en souffrirait, ei j’ai besoin de ma santé pour mon père qui serait malheureux s’il me perdait.

Le fait que Marceline cherche un engagement à Paris et se flatte qu’elle l’obtiendra bientôt, n’est point une raison pour qu’elle n’ait pas joué çà ou là, en attendant. Elle a beau dire à son frère : « J’ai cultivé la guitare et j’y suis devenue assez forte. C’est le seul instrument qui convienne à ma voix et à ma fortune » ; il est présumable que cette étude ne fut pas suffisante pour l’occuper et lui procurer des ressources de 1811 à 1813.

Aussi dut-elle respirer lorsque l’Odéon lui fut ouvert. Elle y débuta, le 29 avril 1813, dans une pièce de Pigault-Lebrun : Claudine de Florian[1]. Le personnage lui était avantageux. On pouvait dire qu’elle le vivait. Elle y eut beaucoup de succès.

Elle parut ensuite dans l’Honnête criminel (Cé-

  1. Comédie en 3 actes, représentée pour la première fois sur le théâtre de Montausier, le 27 messidor an V (15 juillet 1797). Le rôle de Claudine, la petite Savoyarde séduite et abandonnée avec un enfant par un jeune et riche Anglais, était un rôle travesti aux deux premiers actes.