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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

pension, et ferai davantage encore par la suite, si j’ai un avenir

5 septembre 1816.

Papa se porte mieux, Mme Gantier (la mère de son amie Albertine, mariée à Bruxelles, où elle mourut en 1819, à 32 ans) l’a vu dans un voyage qu’elle vient de faire à Douai. Si je reste à Bruxelles l’année prochaine, comme tout le fait croire, j’irai le voir… ; j’ai besoin de l’embrasser. Il est si vrai que c’est pour lui seul que j’ai pu me résoudre à continuer le théâtre. C’est le plus grand sacrifice que j’aie jamais fait. Mais son bonheur m’est plus cher que tout au monde… »

Et le 2 janvier 1817, alors qu’elle avait renouvelé son engagement :

Quelle année vient de s’écouler pour votre pauvre Marceline !… et ce qu’elle m’a ravi ne me sera jamais rendu, non jamais dans ce monde !… Mon cher fils ! Jamais un enfant adoré, pleuré à chaque heure par sa malheureuse mère n’a mieux mérité de l’être. Qu’il était beau ! Qu’il était bon !… Je ne sais qu’ajouter à ma lettre… Papa se porte bien, il m’écrit. Je désire et j’espère aller l’embrasser au printemps. Je suis engagée dans cette ville pour l’année suivante. Je l’ai fait pour papa. Les autres provinces sont moins sûres pour le paiement des appointements, et Dieu sait avec quelle douleur j’ai signé un acte qui me retient dans une ville où toutes mes blessures se rouvrent à chaque pas… Ma santé peut-elle résister sans miracle à cet état de l’âme que je ne puis décrire ni surmonter ? Adieu. Du bonheur pour toi,