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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

fournies par Pauline elle-même. À côté de curieux extraits des Chants populaires de la Grèce moderne, par M. de Marcellus, que Mme Valmore semble avoir pris plaisir à transcrire parce qu’ils correspondaient à son état d’âme, on trouve le portrait de Sophie tracé par Mirabeau :

Elle est douce, elle n’est ni tiède ni nonchalante,
comme tous les naturels doux ; elle est sensible, et n’est
point facile ; elle est bienfaisante, et la bienfaisance
n’exclut pas le discernement et la fermeté… hélas ! toutes
les vertus sont à elles, toutes les fautes sont aux autres.

Mille femmes sont plus jolies qu’elle, plus brillantes,
quoiqu’aucune n’ait plus d’esprit naturel et acquis ; mais
elle est si timide et si réservée qu’il faut la connaître
pour deviner la moitié des trésors qu’elle recèle. Je l’observai
dans toutes les circonstances, je l’étudiai profondément ;
je sus ce qu’était son âme, cette âme formée
des mains de la nature dans un moment de magnificence…

Au-dessous du fragment, Mme Valmore a jeté ce vers :

C’est Pauline vivante et c’était Albertine.

« Nous sommes les deux tomes d’un même ouvrage », a-t-elle dit une autre fois.

Le fait est que, sous Charles X et sous Louis-Philippe, on ne les séparait pas. On les chantait ensemble. Elles étaient faites l’une pour l’autre. Une amitié tendre, nouée par la collaboration et fortifiée par les confidences du cœur, les unit jus-