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L’ÉPOUSE

venait de mourir. Loin de chercher dans ses premiers vers ce que l’on a fini par y découvrir : une vie intime racontée, le critique de combat félicitait les éditeurs des Poésies posthumes et la famille de l’auteur, d’un silence auquel Mme Valmore gagnait « de ne nous apparaître que comme la Muse, la Grâce et la Souffrance, dans leurs costumes éternels ».

La curiosité s’est bien rattrapée depuis.

D’Aurevilly, averti ou non, n’en était pas moins louable d’apprécier en ces termes le talent de Mme Valmore :

« C’est la passion et la pudeur dans leurs luttes pâles ou rougissantes ; c’est la passion avec ses flammes, ses larmes, j’allais presque dire son innocence, tant ses regrets et ses repentirs sont amers ! la passion avec son cri surtout. C’est, quand elle est poète, la poésie du Cri que Mme Desbordes-Valmore. Or, le Cri, c’est tout ce qu’il y a de plus intime, de plus saignant du coup et de plus jaillissant des sources de l’âme… Les magnificences des poésies laborieuses finissent par pâlir et passer ; mais où le Cri a vibré une fois avec énergie, il vibre toujours, tant qu’il y a une âme dans ce monde pour lui faire écho. »

Il serait excessif de prétendre que le Cri de la débutante fut entendu en 1820 ou même en 1822, lorsqu’une troisième édition des Poésies, revue et augmentée, parut chez Théophile Grandin. On prêta plutôt l’oreille, semble-t-il, aux soupirs de l’enfant gâtée des compositeurs. Ceux qui ne