Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

elle amusait tout le monde en chantant sur l’air de : Femmes, voulez-vous éprouver ?… cette parodie des refrains populaires en faveur vers 1824 :

Adèle, je t’ai vue hier,
Tu avais ton chapeau aurore ;
Avec ce hussard qui te perd,
Tu allais au bal de Flore.
Ô Adèle, ô objet charmant !
Méfie-toi de ces bons apôtres.
Fille qui a eu un amant,
Peut peu à peu en avoir d’autres !

Elle avait des trouvailles exquises.

À l’une de ses amies, chanteuse, qui allait quitter Bordeaux, elle envoyait, sans leur traduction, ces deux mots : Farewell, nightingale, adieu, rossignol. Et l’amie ne sachant pas l’anglais, Mme Valmore ajoutait en français : « Écoute-toi et devine. »

N’est-ce pas encore une inspiration charmante que celle-ci, dont ce n’est plus Edmond Géraud qui a cueilli la fleur ?

En revenant, un jour, de faire au marché ses provisions de ménagère, Mme Valmore voyait une femme rouer de coups son enfant.

Il ne fallait pas songer à désarmer de ses poings cette harpie par des objurgations ou des prières… De quoi s’avisa Mme Valmore ? Elle prit dans son panier deux oranges, s’avança vers la mégère et les lui offrit. Pour donner du répit à l’enfant, elle occupait les mains de la mère.