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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

le même cœur à l’ouvrage, la grâce de Barbès et un emploi pour quelqu’un. Et le secret est là de sa victoire sur l’indifférence des uns et la résistance des autres : elle communiquait, ne fut-ce qu’un instant, le feu dont elle brûlait. On faisait le bien à la clarté de son zèle.

Le bonheur d’avoir obtenu l’élargissement d’un prisonnier ne la libérait pas envers lui. Elle demeurait son infatigable servante. C’était, sous un chapeau à brides en guise de cornette, sœur Marceline-de-la-Délivrance.

Elle se défendait, néanmoins, d’aimer tout le monde indistinctement.

Quand on vous dit, ma bonne amie[1], que j’aime à tort et à travers, ne croyez pas cela. J’aime ce qui est élevé, honnête, ardent à secourir.


Elle concluait à l’inutilité de vivre, si ce n’est pour se dévouer et, en vers alors, comme pour mêler l’encens à la prière, elle ajoutait :

Fais tant et si souvent l’aumône
Qu’à ce doux travail occupé
La mort te trouve et te moissonne
Comme un lys pour le ciel coupé !


Enfin, songeant à la maladie, à la vieillesse, à l’impuissance où elle sera, un jour, de poursuivre son office de relèvement, elle donne au pauvre la

  1. Mme Louise Babeuf.