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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Sur quel cœur l’image de la créature qui relève était-elle mieux gravée que sur ce cœur qui semblait absent ?



Elle eut pu faire sa devise du proverbe valaque : « Donne jusqu’à la mort ! » Et ne l’a-t-elle pas, aussi bien, enfermée dans le cristal d’un beau vers :

Tant que l’on peut donner on ne veut pas mourir !


Ah ! que l’on écrirait un joli conte dans sa manière, sous ce titre : Une journée de Mme Valmore !

Il faudrait la montrer occupée de son petit ménage « comme d’un royaume » et ne consacrant à la Muse que les heures de grâce, quand elle en a ! Le succès est venu sans la griser, sans lui faire oublier ni son origine flamande, ni ses devoirs d’épouse et de mère. Et ce n’est pas une corvée dont gémit cette plaintive. Jamais on ne trouve sous sa plume abondante le regret de tant de jours détournés de la littérature par de vulgaires besognes, des soins fastidieux, quand on porte le nom qu’elle porte et qu’on a les relations qu’elle a.

Elle met ses fiertés où certains mettent leur confusion. « Que je t’aime de te voir coudre ta toque, écrit-elle à son mari. Quelle singulière biographie on ferait de nous, à nous voir dans tous nos courages pauvres. Tu sais aussi de quoi j’ai l’air, le matin, en réparant dans mon lit les désastres survenus aux parures d’Hippolyte. Juge donc si je peux songer au cher voyage de Douay,