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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

définition concise qui les dispensait d’un examen approfondi.

Notez que, jusqu’à M. Lemaitre, nul ne s’est avisé du rapprochement. Pour cette bonne raison, dira-t-on, que tous ceux qui ont connu Valmore : Sainte-Beuve, Corne, Delhasse, Lacaussade, ont parlé de Marceline avant que Daudet eût peint son modèle. Assurément.

Mais cette correspondance en partie publiée par M. Rivière et qui nous fait pénétrer dans l’intimité du ménage, Sainte-Beuve et ses continuateurs l’ont eue entre leurs mains, l’ont feuilletée…, et les ménagements auxquels ils étaient tenus envers le père ou envers le fils, encore vivants, n’eussent pas empêché un esprit sagace comme Sainte-Beuve, de laisser percer son sentiment. Il n’eût pas inventé Delobelle, il l’eût esquissé d’avance sous les traits de Valmore.

Ni lui ni les trois autres n’en ont rien fait. Bien au contraire, tous insistent sur les qualités bourgeoises, communes, de Valmore, et cette note juste que j’attendais de Sainte-Beuve, il la donne, en effet, quand il dit : « Un mari, la probité et la droiture mêmes, qui souffrait en homme de son inaction forcée. »

Lacaussade, de son côté, déclare : « Mme Valmore eut pour associé à sa destinée un mari le désintéressement et la droiture en personne, digne et fier d’elle à bon droit, voilant sous une réserve parfois ombrageuse la bienveillance native et l’affabilité de l’homme de bien. »